QUÉBEC, le 9 mai 2024 /CNW/ - Plutôt que de créer
une nouvelle agence, la ministre des Transports et de la Mobilité
durable (MTMD), Geneviève Guilbault, devrait renforcer l'expertise
interne au sein même de son ministère, estime le Syndicat de
la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) qui s'oppose
fermement à la création de Mobilité Infra Québec. Ce projet
ne servira ni l'intérêt de la population ni celui du personnel
œuvrant au MTMD.
Le SFPQ estime que sous prétexte de dépolitisation, la nouvelle
entité créée conduirait plutôt à une pratique de gouvernance
antidémocratique issue de la démission de la responsabilité
politique du ministère, et ce, pour diverses raisons : l'abandon du
principe de responsabilité ministérielle, la pente dangereuse de la
gestion par conseil d'administration, la possible proximité
douteuse avec les intérêts de l'industrie.
« S'il y a des dépassements de coûts ou des retards pour la
mise en chantier des projets complexe de transports incluant le
transport collectif, c'est à la ministre d'en répondre. Et pour
s'assurer d'avoir le financement suffisant pour ces projets-là,
c'est aussi à la ministre de se battre. Avec ce projet de loi, tous
les ingrédients sont plutôt réunis pour conduire cette réforme vers
une grande noirceur. Qui serait responsable de rendre des comptes à
la population pour les retards de mise en chantier de grands
projets de transport collectif, pour les dépassements des coûts,
pour l'absence de suivi sur l'octroi des dizaines de milliards de
dollars en contrats publics? Le blâme pourrait toujours être rejeté
sur les administrateurs de l'agence plutôt que sur la ministre des
Transports. Exactement comme on a vu l'an dernier avec le fiasco
informatique SAAQclic. Les ministres Éric Caire et Geneviève
Guilbault se sont défilés de leur responsabilité, et c'est le PDG
de la SAAQ qui a été blâmé et limogé. Mais comment se fait-il
qu'aucun ministre n'ait pris le blâme et assumé les conséquences?
», questionne Christian Daigle,
président général du SFPQ.
Le Syndicat procédera à une étude
complète du projet de loi et demandera à être entendu en commission
parlementaire afin de partager ses préoccupations. Pour le SFPQ, il
est primordial qu'une future agence des Transports soit soumise à
la Loi sur la fonction publique afin de maintenir une
surveillance du public comme c'est le cas actuellement pour
d'autres agences publiques telles que la SAAQ ou la CNESST.
« C'est déjà assez difficile d'obtenir des informations par
les organismes et ministères, il ne faut absolument pas leur
permettre de s'éloigner encore davantage de la reddition de comptes
et l'imputabilité ministérielle », insiste monsieur
Daigle.
Rebâtir l'expertise de Transports
Québec
Depuis le rapport Duchesneau et la commission Charbonneau, il
est largement admis que Transports Québec doit renforcer son
expertise pour mener à bien sa mission et ne plus être à la merci
des firmes de génie-conseil et autres acteurs de la sous-traitance,
rappelle le SFPQ. « Plus il y a de contrats publics, plus leur
valeur est élevée et plus il y aura des risques de dérapages autour
de ces contrats. Le ministère est souvent captif des firmes qui lui
dictent, en quelque sorte, la route à prendre quand vient le temps
de rédiger des appels d'offres, ce qui contribue à gonfler les
prix. À l'inverse, une forte proportion ou la totalité des
activités récurrentes devrait être réalisée en régie interne. Si
l'on veut enfin aller de l'avant avec de nouveaux projets de
transport collectif, bien financés, planifiés et administrés, ce
n'est pas une nouvelle structure externe et opaque que ça prend,
mais de la volonté politique bien incarnée! », insiste
monsieur Daigle.
SOURCE Syndicat de la fonction publique et parapublique du
Québec