MONTRÉAL, le 19 avril 2024 /CNW/ - Le
développement du secteur Bridge-Bonaventure est au cœur des
stratégies de construction rapide de logements. La Corporation de
développement communautaire Action-Gardien et le Regroupement
Information Logement interpellent les décideurs publics à profiter
des terrains fédéraux du Bassin
Wellington pour la construction d'un vaste chantier de
logements sociaux et abordables.
La Société immobilière du Canada (SIC) a dévoilé la semaine dernière son
plan pour sa propriété du bassin Wellington dans le secteur
Bridge-Bonaventure. Celui-ci prévoit la construction de 2800 unités
d'habitation dont 1000 logements sociaux et abordables. Nous
appelons la Société fédérale à être davantage visionnaire et à
contribuer à la création d'un modèle de développement de
l'habitation viable et entièrement protégé de la
spéculation.
La crise du logement exige de repenser l'utilisation des
terrains publics excédentaires, le mandat et l'obligation de
rentabilité de la SIC ainsi que les modèles de viabilité des
projets résidentiels. Une telle proposition nécessite des
investissements publics conséquents d'infrastructure, de
décontamination et de construction dédiés à des logements à but non
lucratif. Avec la Ville de Montréal, la SIC et les deux paliers de
gouvernement, mettons les forces en commun pour attacher des
conditions de viabilité pour un milieu de vie au bassin Wellington
réellement abordable et protégé de la spéculation. Innovons avec
les développeurs de logements sociaux et communautaires qui sont en
ébullition pour sortir des sentiers battus et penser des modes de
propriété et de financement alternatifs. Pour Karine Triollet de la
CDC Action-Gardien, « c'est une occasion unique de concevoir un
modèle réplicable à d'autres sites de propriété gouvernementale ou
communautaire. Soyons visionnaires et ambitieux, plutôt que brader
nos terrains publics aux plus offrants ! »
On ne répondra pas à la crise du logement avec des micro-condos
dans des tours toujours plus hautes en déconnexion complète avec
les besoins de se loger des familles qui habitent la ville. Ces
produits immobiliers répondent en premier lieu aux attentes de
rendement des investisseurs. Une part importante de ces unités sont
ensuite appropriées à des fins spéculatives, comme c'est le cas à
Griffintown. La financiarisation du logement fait des ravages dans
les grandes villes canadiennes, et gagne rapidement du terrain à
Montréal. Il est impératif de sortir de cette logique,
d'autant plus lorsque ces développements se font sur des terrains
publics. « Les terrains publics de la Société Immobilière du
Canada au Bassin Wellington doivent être réservés pour le
développement de logements sociaux et communautaires ;
c'est par cette forme d'habitation que nous pourrons
répondre dignement aux besoins des familles locataires qui
cherchent à se loger » soutient Francis
Dolan du Regroupement Information Logement.
Le budget fédéral, déposé le 16 avril dernier, affirme que «
l'habitation devrait être un lieu où se loger et non une catégorie
d'actifs financiers spéculatifs pour les investisseurs ». Il
indique aussi la volonté « d'utiliser de nouveaux outils pour
convertir les terrains publics en logements, y compris la location
à bail (...) et le maintien de la propriété́ dans la mesure du
possible », et ce dans l'objectif de créer de nouveaux logements
qui resteront toujours abordables. Le nouveau Fonds canadien pour
les infrastructures liées au logement ainsi que le renflouement de
l'Initiative pour les terrains fédéraux sont des leviers à saisir.
Avec ces intentions affirmées par le gouvernement du Canada, nous nous attendons à des actions
d'envergure. Il en va de pairs pour le gouvernement du Québec qui
doit s'engager activement à remettre en place un programme de
développement de logements sociaux.
Gardons le cap sur un
développement à échelle humaine et en réponse aux besoins des
familles montréalaises.
La Société Immobilière du Canada, tout comme la Ville de Montréal, a la
responsabilité de concevoir des milieux de vie qui proposent des
densités et des formes urbaines compatibles avec les besoins des
gens qui y vivent, s'y déplacent et y travaillent
quotidiennement.
Nous adhérons à plusieurs éléments de la vision de la société
fédérale, liés aux espaces verts et bleus, à la mobilité, au
Quartier des artisans, à l'intégration d'une école primaire ainsi
qu'aux objectifs de carboneutralité. Plusieurs propositions sont
d'ailleurs issues du plan d'aménagement conçu par la communauté de
Pointe-Saint-Charles. Nous saluons la proposition de garder des
gabarits plus bas aux abords des berges du bassin Peel et d'éviter
leur privatisation. Mais nous questionnons la densité proposée sur
le reste du site, avec plusieurs tours dépassant les 20 étages et
une tour iconique de 40 étages, des surhauteurs qui répondent
davantage aux intérêts des investisseurs qu'aux besoins des
Montréalais.
Dans son propre plan directeur, soumis à consultation en juin
dernier, la Ville propose de construire un milieu de vie de 3 à 8
étages, avec quelques bâtiments d'une hauteur maximale de 20
étages. Ceci se rapproche davantage de notre vision d'une
densification à échelle humaine et du respect du cadre bâti de
Pointe-Saint-Charles. Malgré les nombreux appels des promoteurs à
construire plus haut et de plein droit, le rapport de l'OCPM de
décembre 2023 - dont la consultation a généré une participation
publique importante - rejoint la position de la Ville.
Après 5 ans de consultations et 2 OCPM, la surenchère sur les
hauteurs, le modèle spéculatif de développement et les
pressions incessantes pour étaler le centre-ville dans notre
quartier devraient maintenant être choses du passé. La Ville doit
assumer sa vision !
Plus
d'information: www.actiongardien.org/bridge-bonaventure
SOURCE Action-Gardien, Corporation de développement
communautaire de Pointe-Saint-Charles