OTTAWA,
ON, le 4 oct. 2024 /CNW/ - Alors que les jours de
la session parlementaire actuelle sont comptés, trois organismes de
lutte contre le tabagisme ont aujourd'hui condamné les retards
prolongés en matière d'interdiction nationale des saveurs dans les
produits de vapotage. Ils ont appelé la ministre des
Dépendances à finaliser dès maintenant cette importante
réglementation ou à quitter son poste pour permettre à quelqu'un
d'autre d'accomplir cette tâche essentielle.
Les provinces éprouvent des difficultés devant l'absence de
leadership fédéral
« Nous attendons en vain depuis 14 mois que la ministre
agisse pour s'attaquer à la crise de vapotage chez les
jeunes, » déclare Cynthia
Callard, directrice générale de Médecins pour un
Canada sans fumée.
« Toutefois, plutôt que d'encadrer l'industrie du vapotage, elle
a eu des rencontres avec ses représentants. Au lieu d'agir
pour protéger les jeunes, elle a gardé le silence alors que
l'industrie du tabac et de la nicotine continuent d'attirer les
jeunes avec des appareils de plus en plus abordables, savoureux et
ludiques. »
Un projet réglementaire visant à retirer les édulcorants et la
plupart des saveurs des produits de vapotage a initialement été
publié dans la Gazette du Canada
au mois de juin 2021, mais n'a toujours pas été finalisé dans
les trois années qui ont suivi. D'autres projets réglementaires
envisagés par Santé Canada,
notamment pour réglementer l'apparence et l'emballage, pour
renforcer les contrôles sur l'âge des acheteurs en ligne, ou pour
permettre au public d'avoir accès aux données ont été
abandonnés.
Au début de l'année 2024, Santé Canada a indiqué
que les restrictions sur les saveurs seraient chose faite avant
l'été. Finalement, cependant, la ministre s'est abstenue de les
finaliser. À la fin mai, elle a rencontré des représentants de
l'industrie du vapotage pour écouter leurs doléances concernant les
risques d'un marché illicite. À l'issue de cette rencontre, les
représentants du ministère ont cité le marché illicite comme motif
du retard.
« Les défis touchant l'application de la loi en lien avec
l'interdiction des saveurs dans les provinces comme le Québec sont
grandement attribuables à l'absence de contrôles fédéraux qui est
exploitée par l'industrie, » explique Flory Doucas,
codirectrice et porte-parole de la Coalition québécoise pour le
contrôle du tabac. « Par exemple, dans l'absence d'une
interdiction sur les ventes interprovinciales et en ligne, les
fournisseurs sont en mesure de livrer leurs produits aux six
provinces ou territoires où ils sont interdits.
« Le vide réglementaire fédéral est un moteur important
derrière le marché de produits non-conformes qui mine les bénéfices
de santé qui autrement découleraient de l'interdiction des saveurs
au Québec et dans d'autres provinces. C'est à la fois
ironique et choquant de constater que l'industrie se serve de son
propre mépris de la réglementation provinciale comme argument pour
faire obstruction aux mesures fédérales. C'est encore pire de voir
que la ministre semble se rallier à cet argument, » ajoute
Mme Doucas.
Obstruction par l'industrie
« Si la ministre Saks est en quête d'inspiration pour exercer
un meilleur contrôle de cette industrie, elle n'a qu'à se tourner
vers son collègue, le ministre de la Santé, » déclare
Les Hagen, directeur général
d'ASH Canada. « Le ministre
Holland a tenu tête à l'industrie
malgré la campagne malicieuse qu'elle a menée contre lui. Il
a agi rapidement et de manière décisive pour restreindre la mise en
marché nocive et irresponsable des sachets nicotiniques. En matière
d'actions concrètes pour protéger les jeunes Canadiens, il y a un
contraste marqué entre ces deux ministres. »
Les sachets nicotiniques sont assujettis à la Loi sur les
aliments et drogues, sous l'autorité du ministre de la
Santé. Pour leur part, les produits de vapotage sont assujettis
à la Loi sur le tabac et les produits de vapotage, sous
l'autorité de la ministre de la Santé mentale et des
Dépendances.
« Une autre mesure d'importance qui a subi un retard au cours
du mandat de Mme Saks à titre de ministre est l'établissement
de directives pour bloquer l'ingérence de l'industrie du tabac dans
les politiques de santé comme l'exige la Convention-cadre de l'OMS
pour la lutte antitabac, dont le Canada est signataire. Sans cette
protection, l'ingérence de l'industrie se poursuivra, » ajoute
M. Hagen.
Augmentation du nombre de jeunes Canadiens en dépendance de
nicotine
« Le fait de continuer de permettre l'ajout d'édulcorants et
de saveurs est symptomatique de l'approche globale malavisée de ce
gouvernement à l'égard du marché du vapotage, » indique
Mme Callard. « Sa préférence pour une
'réglementation douce' a permis aux fabricants de tabac et de
produits de vapotage de trouver de nouveaux moyens pour pousser les
jeunes et autres non-fumeurs à inhaler la nicotine, soit le premier
pas à franchir pour devenir des clients dépendants. »
Les groupes ont souligné l'augmentation de la consommation de
nicotine chez les adolescents et les jeunes adultes comme preuve de
l'échec de la politique gouvernementale concernant le vapotage.
Cette augmentation a suivi l'adoption de l'encadrement fédéral des
produits de vapotage et a inversé des décennies de progrès dans la
lutte contre la dépendance à la nicotine. La dernière enquête
canadienne sur le tabac et la nicotine indique qu'il y avait
240 100 vapoteurs de plus en 2022-23 qu'en 2021-22, et que 86
% de ces dernies (206 900) n'ont jamais fumé. Cela signifie
qu'en moyenne par jour, pour chaque groupe de 40 anciens fumeurs
qui commencent à vapoter, il y a 567 jamais-fumeurs qui commencent
à vapoter (206 900 divisé par 365).
« La ministre Saks devrait reconnaître l'urgence d'agir et
les conséquences découlant de son inaction, » dit
Mme Doucas. « Comme ministre, il nous faut quelqu'un
qui est prêt à se porter à la défense des jeunes, à pousser le
cabinet à agir et à tenir tête aux industries du tabac et du
vapotage.
« Le temps est venu pour qu'elle mette en place la
réglementation ou qu'elle démissionne afin que quelqu'un d'autre
puisse enfin réaliser cette tâche importante. Les
jeunes Canadiens méritent mieux, » conclut
Mme Doucas.
SOURCE Coalition québécoise pour le contrôle du tabac